Cette déclaration a été élaborée collectivement par plusieurs militantes et militants d’Ottawa, Toronto, Montréal, Vancouver, etc. et elle a été soumise pour discussion, modification et approbation aux participantes et participants de la journée de convergence sur la Palestine.

Cette déclaration a été adoptée démocratiquement par plus de 200 personnes venues de différentes régions du Canada et du Québec, reflétant la diversité et le pluralisme du Forum social des Peuples. Certains sont membres de groupes, d’associations, de coalitions, d’autres, non. Ces personnes ont discutélibrement en leur nom personnel.

Cette déclaration constitue un effort collectif pour réinventer,renforcer, unifier nos solidarités avec le peuple palestinien d’un « océan à l’autre » et surtout pour identifier les stratégies et les actions concrètes qui permettront de répondre efficacement aux demandes des Palestiniennes et Palestiniens eux-mêmes.

Cette déclaration a été présentée et reçue avec enthousiasme par l’Assemblée des mouvements sociaux du Forum social des Peuples le dimanche 24 août 2014. Elle appartient maintenant à toutes les personnes de conscience, à tous les acteurs de la société civile, à tous les groupes de solidarité qui sont déterminés à poursuivre inlassablement leur travail d’appui à la lutte de libération du peuple palestinien.

* * *

  1. Réuni-e-s dans le cadre du Forum social des peuples, du 21 au 24 août 2014 à Ottawa, Nous, personnes de conscience, sommes témoins d’un autre massacre des Palestinien-ne-s de Gaza, territoire occupé, assiégé et soumis, depuis 2007 à un blocus total, illégal, immoral et inhumain par l’armée d’Israël, la puissance occupante.
  2. Après de tels assauts militaires contre Gaza, presque chaque année et même plusieurs fois par année depuis 2005 , nous notons une répétition programmée d’opérations mettant le territoire, à feu et à sang, avec plus de 2000 morts (au 23 août 2014) Palestinien-ne-s tué-e-s (la majorité étant des civils dont plus de 400 enfants), des dizaines de milliers de blessés, des centaines de milliers de sans-abris, et la destruction de logements et d’infrastructures essentiels (hôpitaux, universités, écoles, usines, centrales électriques, usine de filtration d’eau, routes, etc.). Les Palestinien-ne-s de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-est annexé, subissent également une multitude d’exactions depuis des décennies par la puissance occupante.
  3. Nous répudions avec tristesse, indignation et colère l’invocation abusive et cynique par Israël de son « droit de se défendre » pour justifier cette violence gratuite et aveugle contre des civils – compte tenu de l’asymétrie absolue des forces et des ressources en présence. Et nous condamnons la « communauté internationale », le Canada en tête, qui reprend en chœur le discours de la propagande israélienne.
  4. Nous affirmons que ces agressions répétées n’ont rien à voir avec « la défense » d’Israël, un État nucléaire doté d’une des 10 plus puissantes armées au monde. Elles font partie intégrante du projet colonial sioniste qui se concrétise depuis plusieurs décennies et qui vise la dépossession et la négation du droit à l’existence même du peuple palestinien et de sa terre natale.
  5. Nous constatons que ce projet colonial sioniste se réalise à travers les violations systématiques et permanentes par Israël du droit international et des centaines de résolutions de l’ONU depuis la naissance même de l’État israélien en 1948 :
    • Négation du droit de retour des réfugié-e-s palestinien-ne-s à leurs foyers et à leurs propriétés et à des indemnisations pour dommages causés en violation de la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU votée le 11 décembre 1948;
    • Occupation totale de tous les territoires palestiniens depuis 1967 en violation de la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU votée le 22 novembre1967 et qui enjoint Israël de se retirer de tous les territoires occupés. Il en est de même pour le Golan syrien, occupé en 1967 et annexé unilatéralement par Israël en 1981 en violation aussi de la résolution 242 et de la résolution 497 du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant cette annexion en 1981;
    • Colonisation incessante en violation de l’article 49 de la IVe Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de procéder à la déportation ou au transfert de sa propre population dans les territoires occupés par elle;
    • Érection du MUR d’annexion, de séparation et de bris de la contigüité territoriale du territoire palestinien en violation de la décision de la Cour internationale de justice du 9 juillet 2004 qui ordonne à Israël de le démanteler;
    • Imposition d’un blocus implacable de la bande de Gaza imposé par Israël depuis juin 2007 en violation de la IVe Convention de Genève de même que de l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale qui interdisent les punitions collectives; en violation de la Déclaration universelle des droits de l’homme (art 13) concernant le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État, de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays; en violation de deux pactes internationaux : celui relatif aux droits civils et politiques et celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (art 1);
    • Application systématique de politiques d’apartheid (voir point 6) en violation de la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid votée en 1973. L’apartheid constitue un crime contre l’humanité;
    • Emprisonnements et détentions arbitraires, mauvais traitements incluant la torture, emprisonnement d’enfants en violation des 3e et 4e Conventions de Genève concernant le traitement des prisonnier-ère-s politiques et de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en novembre 1989.
  6. Nous tenons à affirmer de manière explicite qu’Israël est un État d’apartheid, selon la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’Apartheid. Il repose sur les trois mêmes piliers que ceux de l’apartheid sud-africain :
    • droits différents pour populations différentes;
    • accès discriminatoire à la terre et séparation dans des zones géographiques différentes;
    • contrôle total de la population et répression militaire.
      Israël impose une discrimination juridique et institutionnelle à ses citoyen-ne-s palestinien-ne-s du simple fait qu’ils/elles sont des Palestinien-ne-s. Les Palestinien-ne-s qui ont été expulsé-e-s de leurs demeures en 1948 et en 1967 se voient refuser le droit de retour à leurs foyers et leurs terres Dans les Territoires palestiniens occupés (Cisjordanie, bande de Gaza, Jérusalem-est), les Palestinien-ne-s vivent sous un contrôle permanent et sont soumis-e-s à des lois distinctes et discriminatoires. Comme pour l’Afrique du Sud avant 1994, Israël est un État « démocratique » pour « sa » population juive -quoiqu’injuste envers certaines catégories de cette population- mais profondément antidémocratique pour les Palestinien-ne-s vivant en Israël et sous occupation.
  7. Nous reconnaissons que l’apartheid israélien fait partie de ces nombreux systèmes qui, dans plusieurs endroits du monde, incluant le Canada, ont dépossédé les peuples autochtones. Dans cette perspective, nous affirmons notre solidarité avec tous les groupes autochtones opprimés partout à travers le monde, et de façon particulière avec ceux de la Palestine et du Canada. En conséquence, nous reconnaissons la légitimité de leur lutte contre la dépossession et la colonisation.
  8. Le peuple palestinien exige le respect intégral du droit international et des résolutions de l’ONU garantissant ses droits fondamentaux, droits violés systématiquement par Israël (voir point 5):
    • compte-tenu de la situation actuelle à Gaza
      • L’ARRÊT IMMÉDIAT DE TOUTE AGRESSION ISRAÉLIENNE
      • LA FIN DU BLOCUS ILLÉGAL

-compte-tenu de la situation dans toute la Palestine et sur le territoire du Golan

    • LA FIN DE L’OCCUPATION ET DE LA COLONISATION de toutes les terres arabes des Territoires occupés de Cisjordanie, de la Bande de Gaza, de Jérusalem-est et des Hauteurs du Golan
    • LE RESPECT, LA PROTECTION ET LE SOUTIEN AU DROIT DE RETOUR des réfugié(e)s palestinien(ne)s à leurs foyers et à leurs propriétés
    • LE DÉMANTÈLEMENT DU MUR
    • LA FIN DE TOUTES LES POLITIQUES D’APARTHEID en particulier la reconnaissance des droits fondamentaux des arabo-palestinien-ne-s d’Israël à l’égalité pleine et entière,?
    • LA LIBÉRATION DE TOUTES LES PRISONNIÈRES ET PRISONNIERS POLITIQUES PALESTINIENS ET ARABES

Ces revendications fondamentales du peuple palestinien sont toutes inter reliées et ne peuvent advenir l’une sans l’autre. Nous les faisons nôtres. Elles constituent la raison d’être du travail global de solidarité avec le peuple palestinien.

  1. Nous constatons qu’Israël est le seul État au monde qui bénéficie d’une impunité totale de la part de la communauté internationale. Les États de cette communauté internationale ont lamentablement failli à leur devoir de tenir Israël responsable de ses violations permanentes des droits du peuple palestinien, le laissant libre de poursuivre l’occupation, la colonisation et la dépossession en toute impunité. Tous les grands partis politiques du Canada sont complices de cet appui aux politiques d’Israël. À la lumière de leur inaction abjecte pour mettre fin à l’Apartheid israélien, nous reconnaissons qu’il est de notre devoir, en tant que personnes de conscience, de nous mobiliser à partir de la base en soutien à la lutte de libération des Palestinien-ne-s.
  2. Nous affirmons notre soutien au droit à l’autodétermination du peuple palestinien et à la résistance par tous les moyens qu’il jugera nécessaire dans le cadre des conventions internationales sur les conflits armés qui incluent, entre autres, la protection des civils . Nous appelons la société civile à: i) Exiger qu’Israël respecte intégralement toutes les dispositions du droit international et des résolutions de l’ONU

    ii) Dénoncer les positions abjectes du gouvernement Harper et des partis d’opposition.
    iii) Exiger que les gouvernements du Canada, du Québec et des autres provinces condamnent la violation flagrante du droit international par Israël et que tous les partis mettent Israël en demeure de le respecter

    iv) Exiger que les gouvernements du Canada, du Québec et des autres provinces utilisent des sanctions contre Israël jusqu’à ce que cet État se conforme au droit international.

    v) Exiger que le Canada décrète un embargo sur l’exportation d’armes à destination d’Israël de même que sur l’importation d’arme israéliennes au Canada et sur toute coopération militaire avec Israël.

    vi) Exiger que le gouvernement canadien poursuive tout citoyen canadien qui, en tant que membre de l’armée israélienne, participe à des crimes de guerre.

  3. Nous reconnaissons la diversité des stratégies et la pluralité des actions de solidarité avec le peuple palestinien ayant toutes pour objectif de contribuer à la lutte de libération des Palestiniennes et Palestiniens. Nous appelons à œuvrer avec le plus grand nombre d’alliés dans les divers groupes de la société civile, incluant les citoyen-ne-s israéliens qui s’opposent aux politiques militaires discriminatoires d’Israël envers le peuple palestinien. Nous appelons aux interconnexions entre luttes de libération et mouvements sociaux pour que ceux-ci intègrent dans leur travail, la solidarité avec la Palestine, de manière à constituer un vaste mouvement social fondé sur les principes de justice et d’équité pour tou-te-s.
  4. En réponse à l’appel de la société civile palestinienne lancé en 2005, nous appelons l’ensemble des forces sociales, partout au Canada, à unifier leurs actions de solidarité avec le peuple palestinien autour d’une priorité : la création d’un large mouvement global de BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) contre Israël.
    Nous appelons en effet à apporter une attention particulière au moyen d’action pacifique que constitue la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël. Cette campagne, qui se veut unitaire et inclusive, connaît à l’heure actuelle un essor sans précédent en mobilisant les sociétés civiles du monde entier pour « assiéger le siège » et obtenir le respect du droit international par Israël . Nous reprenons ici le texte intégral de l’Appel palestinien :

    (…) les mesures punitives non violentes de BDS devront être maintenues jusqu’à ce qu’Israël reconnaisse le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte complètement les dispositions des lois internationales en :

    • mettant fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes et en démantèlement le mur;
    • reconnaissant le droit fondamental des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité totale;
    • respectant, protégeant et soutenant le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs foyers comme le stipule la résolution 194 de l’ONU.
  5. Nous sollicitons l’appui de l’Assemblée des Peuples pour les actions suivantes, en solidarité avec le Mouvement palestinien visant à mettre fin à l’Apartheid israélien : i) Nous appelons les mouvements à participer à un effort coordonné en vue d’organiser une Journée d’action pancanadienne massive le 30 mars 2015, qui est la Journée palestinienne de la terre (Yom el Ard), et qui a été choisi pour être désigné comme Journée d’action internationale pour le Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Parmi les revendications nous appelons à mettre de l’avant et dénoncer la complicité de l‘État canadien avec le régime apartheid d’Israël.

    ii) Nous appelons les mouvements, le 8 mars 2015 (Journée internationale de la Femme), à accentuer et à mettre en lumière la condition et les luttes des femmes palestiniennes contre l’Apartheid israélien.

    iii) Nous appelons les mouvements à poursuivre et à intensifier la Campagne BDS en proposant des actions de boycottage de produits (e.g. Sodastream), et en ciblant aussi le désinvestissement, comme dans le secteur des fonds de pension.

    iv) Nous appelons les mouvements à maintenir et à accélérer la dynamique contre l’Apartheid israélien, et à renforcer notre campagne en organisant une 3e Conférence BDS pancanadienne.

    v) Nous appelons les mouvements, compte tenu de l’enracinement de la politique étrangère du Canada dans le soutien de l’Apartheid israélien, et ayant en vue les prochaines élections fédérales, à mettre de l’avant la question de la Palestine comme un enjeu électoral clé et à formuler une politique canadienne « alternative » sur la Palestine.

    vi) Nous appelons les mouvements à se joindre aux efforts internationaux en recrutant et en mobilisant des avocats, des organisations de libertés civiles et d’activisme juridique, des associations comme la Ligue des droits et libertés, pour soutenir les efforts constants de promouvoir la cause de la Palestine au regard du droit international.

    vii) Nous appelons les mouvements à tisser des liens privilégiés en appuyant les campagnes de jumelage de municipalités du Canada et du Québec avec des villes, villages et camps palestiniens ; et à promouvoir des règlements municipaux appuyant la campagne BDS.

    viii) Nous condamnons le sabotage par Israël le 29 avril, et son bombardement le 11 juillet, de l’Arche de Gaza, une initiative internationale menée par des militants canadiens pour défier le blocus illégal et inhumain de Gaza. Nous soutenons les efforts d’Arche de Gaza d’organiser une autre flottille avec la Coalition des flottilles de la liberté pour désenclaver Gaza, et toutes autres initiatives en ce sens.

    ix) Nous appelons les mouvements à établir des liens directs entre les mouvements sociaux, les groupes religieux, les syndicats, les travailleurs/travailleuses de la santé, organisations environnementaux, groupes étudiants, les artistes, en envoyant des délégations en Palestine qui peuvent ensuite faire rapport et formuler des propositions de soutien aux droits humains palestiniens et à la campagne da BDS.

  6. De plus, nous sollicitons l’appui de l’Assemblée du Forum social des peuples en adoptant la Déclaration suivante en solidarité avec le mouvement palestinien visant à mettre fin à l’apartheid israélien : Nous dénonçons l’agression d’Israël contre Gaza et la position abjecte du gouvernement Harper et des partis d’opposition, et nous réclamons que les gouvernements du Canada, du Québec, et d’autres provinces condamnent la violation flagrante du droit international par Israël et exercent par voie de sanctions des pressions sur le gouvernement d’Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international, et que le Canada décrète un embargo sur l’armes à Israël et cesse toute coopération militaire avec Israël.

    Nous exigeons aussi d’Israël qu’il cesse toute agression contre Gaza, mette fin à son blocus illégal de Gaza, et renonce à sa politique d’Apartheid.

    Nous exigeons en outre qu’Israël cesse son occupation et sa colonisation de toutes les territoires arabes occupés ou annexés (Cisjordanie, Bande de Gaza, Jérusalem-est et Hauteurs du Golan), de démanteler le Mur de séparation/annexion, de libérer tou-te-s les prisonniers/prisonnières politiques palestinien-ne-s et arabes, de reconnaître les droits fondamentaux des Palestinien-ne-s citoyen-ne-s d’Israël à l’égalité pleine et entière, et de respecter, protéger et favoriser les droits des réfugié-e-s palestinien-ne-s à retourner dans leurs foyers et leurs propriétés conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU.

    En réponse à l’appel de la société civile palestinienne lancé en 2005, nous appelons l’ensemble des forces sociales, partout au Canada, à unifier leur action de solidarité avec le peuple palestinien autour d’une priorité : la création d’un large mouvement global de BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) contre Israël.

    Et nous appelons les mouvements sociaux de tout le Canada à participer à l’organisation d’une Journée pancanadienne d’action de masse le 30 mars 2015, qui est la Journée palestinienne de la terre et qui a été désigné comme Journée mondiale d’action pour le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), et d’autres actions de solidarité avec la Palestine et avec le peuple palestinien. Parmi les revendications nous appelons à mettre de l’avant et dénoncer la complicité de état canadien avec le régime d’Apartheid Israël.

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