Dernière en date, l’organisation de défense des droits de la personne Amnesty International a publié, en février 2022, un rapport dénonçant « l’apartheid d’Israël contre la population palestinienne ». Or, les Palestiniens et les Palestiniennes dénoncent, depuis très longtemps, ce régime d’apartheid qui leur est imposé. Ce n’est que progressivement que leurs voix se sont fait entendre.

Il aura fallu le jugement de la Cour internationale de Justice, en juillet 2004, déclarant illégale la construction du mur de séparation érigé, par Israël, en territoire palestinien, pour l’essentiel de son parcours.

Il aura fallu l’appel, en 2005, de la société civile palestinienne, à la mise en place d’une campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions inspirée par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, pour que l’existence d’un apartheid israélien soit dévoilée dans toute son ampleur.

Il aura fallu les analyses et les délibérations des juristes du Tribunal Russell pour la Palestine ayant conclu leurs travaux, débutés en 2009, lors de la session finale du 16 au 17 mars 2013, en demandant, entre autres, à l’Assemblée générale des Nations Unies de « convoquer une session extraordinaire pour examiner la question de l’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ».

Il aura fallu le rapport du juge Richard Goldstone du 23 septembre 2009 déclarant les crimes de guerre commis dans le cadre de l’Opération israélienne « Plomb durci » en décembre 2008, comme étant des crimes contre l’humanité.

Il aura fallu la publication, en janvier 2014, du rapport de Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits des Palestiniens en territoires occupés de 2008 à 2014, déclarant : « Les Palestiniens sont soumis de la part de l’État d’Israël — depuis 1967 — à un processus de dépossession de leurs terres et de leurs ressources, d’enfermement, de destruction de leur société. Et lorsque l’on observe la situation des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem, de Gaza, d’Israël même, ainsi que dans les camps de réfugiés, le terme d’apartheid s’impose naturellement. »

Il aura fallu la publication, en mars 2017, d’un deuxième rapport, par Richard Falk et Virginia Tilley, intitulé Les pratiques israéliennes à l’égard des Palestiniens et la question de l’apartheid.

Il aura fallu la publication, en janvier 2021, du rapport de B’Tselem, organisation israélienne de défense des droits de la personne, titré : Un régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée, c’est un apartheid (traduction en français).

Il aura fallu le rapport, en mars 2021, de l’organisation américaine de défense des droits de la personne Human Rights Watch intitulé Un seuil franchi. Les autorités israéliennes et les crimes d’apartheid et de persécution (synthèse en français).

Il aura enfin fallu le rapport d’Amnesty International, paru en février 2022 (synthèse en français), qui affirme :

« L’apartheid d’Israël contre la population palestinienne : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité (…) Notre rapport révèle la véritable ampleur du régime d’apartheid d’Israël. Que ce soit dans la bande de Gaza, à Jérusalem-Est, à Hébron ou en Israël, la population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est systématiquement privée de ses droits. Nous avons conclu que les politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion mises en œuvre par Israël dans tous les territoires sous son contrôle constituent clairement un apartheid. La communauté internationale a le devoir d’agir. » (Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International).

Quand le Canada prendra-t-il acte du fait qu’Israël est un État d’Apartheid?

À quand de véritables sanctions par le Canada contre Israël pour mettre un terme à ce crime contre l’humanité?

Quand le Canada récusera-t-il son adoption, en 2019, de la définition de l’antisémitisme promue par l’IHRA, une définition qualifiant d’antisémite toute critique des politiques d’Israël, dont celle d’apartheid?

IHRA : Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. Extrêmement controversée, cette définition a donné lieu à une vaste campagne internationale de résistance contre son adoption, principalement menée, au Canada, par l’organisme de la société civile Voix juives indépendantes et, au sein du milieu universitaire, par l’ARC (Alliance universitaire contre l’antisémitisme, le racisme, le colonialisme et la censure). Cette définition a également suscité une réplique, sous la forme d’une définition alternative connue sous le nom de Déclaration de Jérusalem, par un important groupe d’universitaires spécialistes d’études juives.

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