Alors que, dans l’immense majorité des États, la frontière entre la cybersécurité, défensive, et la cyberguerre, offensive, est souvent poreuse, cela est plus particulièrement vrai en Israël, notamment depuis la création de l’Israeli National Cyber Bureau (INCB), en juillet 2011.

C’est ce que détaille Olivier Danino, analyste spécialisé à l’Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS), dans un texte publié par la Chaire de cybersécurité et cyberdéfense (2017) :

Tous les acteurs civils du « cyber » – administrations gouvernementales, industriels, chercheurs, universitaires, enseignants – ont désormais un interlocuteur unique et central. L’INCB impulse une dynamique générale et participe au financement de projets.
(…)
L’INCB collabore également étroitement avec l’armée et le ministère de la Défense. L’Israel National Cyber Bureau joue ainsi un rôle de relais entre civil et militaire alors même que la frontière entre ces deux mondes est déjà poreuse en Israël. Depuis 2012, le ministère de la Défense dispose d’une administration centrale du « cyber » dont le rôle est d’encadrer et de coordonner les partenariats entre l’armée, les services de sécurité israéliens et les entreprises de cyber sécurité.

Selon une étude prospective et stratégique du ministère de la défense français (juin 2015) :

Israël conçoit un écosystème de cyberdéfense global, c’est à dire impliquant un large spectre d’acteurs (approche « multistakeholders ») qui combine renseignement, alerte, défense passive et active, capacités offensives dans les domaines civils et militaires. Surtout, la cyberdéfense ne peut pas être assurée via une approche compartimentée, d’un côté les civils, de l’autre les militaires.
En Israël, la cyberdéfense est le moteur d’une interaction stratégique entre secteurs civils et militaires. Elle sous tend une nouvelle économie, et fait office de « liant » entre les multiples acteurs.

En 2016, le parlement israélien (la Knesset) a proposé l’unification, au sein de la National Cyber Security Authority (NCSA), des cyberdéfenses de l’armée (Tsahal), des services de renseignement, d’IEC et de la Water Authority.

En décembre 2017, le gouvernement israélien a décidé de fusionner les activités du INCB et de la NCSA au sein d’une nouvelle entité, l’Israeli National Cyber Directorate (INCD).

Selon un article en anglais du quotidien israélien Haaretz publié en août 2018, dont le titre peut se traduire par « Une marionnette du Shin Bet, ce qui s’est mal passé avec l’agence de cybersécurité israélienne » (contenu complet), cette nouvelle entité serait désormais noyautée par le service de sécurité intérieure (Shin Bet) et ses objectifs s’éloigneraient de plus en plus de sa mission première de service public de protection « proactive » vis-à-vis des risques informatiques encourus par les entreprises et les organisations publiques ou privées du pays.

Les cyberdéfenses d’IEC sont donc, plus que jamais, intégrées avec celles de l’armée et des services secrets.